Matinée Scientifique Sur la Santé Mentale à la Faculté de Médecine / UCC

LE 19 mai 2023 s’est tenue à l’UCC, sur le site de Mont-Ngafula dans la salle Cardinal Malula,
une matinée scientifique sur la Santé mentale à la Faculté de Médecine.
Dans le cadre de la vulgarisation de l’importance de la santé mentale, la conférence s’est
donnée comme objectif de communiquer sur la différence entre la santé mentale et les
troubles mentaux, et sur les pathologies des maladies mentales chez les enfants ainsi que chez
les adultes. Le choix du thème « santé mentale » se justifie par deux objectifs spécifiques : le
premier est l’objectif éducationnel. Il s’agissait ici de familiariser les étudiants de la faculté de
médicine, qui constituaient la majorité du public présent dans la salle, aux réalités médicales
et aux pathologies qui définissent certaines maladies psychiatriques. Le deuxième objectif est
d’ordre social ; la lumière qu’est le savoir, ce dernier en rapport avec la santé mentale servirait
aux étudiants qui sont membres de la société, d’être une lumière sur ce sujet auquel la société
congolaise octroie une nature occulte.
Parmi les protagonistes, on comptait le Docteur Banzulu, chef de Département de Psychiatrie
du CNPP, le Docteur Matonda, pédopsychiatre et le Docteur Jean Ikanga, Doyen de la faculté
de Médecine.
La conférence était articulée autour de trois sous-thèmes, en l’occurrence, « la santé mentale,
les déterminants », « les troubles mentaux chez l’enfant » et « les troubles mentaux chez
l’adulte ».
Sous la modération du Professeur Docteur Malemba, la conférence comptait deux grandes
parties : la première était consacrée aux interventions des conférenciers, et la deuxième aux
échanges entre les conférenciers et l’auditoire dans une séance de question-réponse.
Dans la première partie, la parole a été donnée à chaque conférencier pour exposer sur un
sous-thème. Dans la deuxième partie, le modérateur de la matinée scientifique a enregistré
quelques questions venant du public, auxquelles les conférenciers ont répondu.
Ce compte rendu synthétise les interventions de chaque conférencier et expose sur les
questions-réponses qui ont fait l’objet de la deuxième partie de la conférence.

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Après le mot d’ouverture prononcé par le Professeur Docteur Malemba, le modérateur de la
conférence de la matinée scientifique, le Père Doyen de la Faculté de Médecine Jean Ikanga,
a adressé une prière à Dieu pour la circonstance. L’auditoire a entonné, dans la foulée,
respectivement l’hymne national et l’hymne de l’Université Catholique du Congo.
PREMIERE INTERVENTION
La contribution de l’intervention du Professeur Docteur BANZULU était de grande envergure.
Avec beaucoup d’aisance et une grande facilité d’expression, il a tenu à établir la comparaison
entre la santé mentale et les maladies mentales. Il a résumé son exposé par la phrase : « On
peut avoir une mauvaise santé mentale sans être malade mentale ; mais tout malade mental
a une mauvaise santé mentale. » Il s’avère important de savoir que la santé mentale est
dynamique et peut être chamboulé à tout temps chez n’importe qui. Plusieurs déterminants
catégorisent l’état de notre santé mentale et le fonctionnement de l’organisme dépend de ce
dernier. Un fonctionnement optimal est caractérisé par une bonne santé mentale, et au fur et
à mesure que la santé mentale d’un sujet se détériore, le fonctionnement de l’organisme en
paie le prix et c’est un état d’handicap qui s’installe. Les axes suivants étaient les constituants
de l’ossature de son exposé : 1) Etat des lieux, 2) Vers une conception positive de la santé
mentale, 3) Les composantes de la santé mentale, 4) Les déterminants de la santé mentale, 5)
Nécessité d’intervenir pour la santé mentale. Aux prolégomènes, le Docteur Banzulu a signifié
que les besoins en santé mentale sont importants, mais les réponses sont insuffisantes et
inadaptées. Dans tous les pays du monde, la prévalence des problèmes de santé mentale est
très élevée. Les troubles psychiques sont la principale cause des années vécues avec une
incapacité (AVI) et représentent 1 AVI sur 6 dans le monde. Globalement, les conséquences
économiques des problèmes de santé mentale sont immenses. En plus d’être très répandus
et coûteux, les problèmes de santé mentale sont aussi gravement négligés. L’offre de
médicaments psychotropes essentiels abordables est limitée, surtout dans les pays à faible
revenu.
En dépit de tout ce qui vient d’être évoqué ci-haut, nous pouvons tendre vers une conception
positive de la santé mentale. Traditionnellement, on définissait la santé mentale
exclusivement par l’absence de maladie mentale ou de troubles mentaux. En 2004, l’OMS
adopte une définition de la santé mentale qu’elle décrit comme « un état de bien-être dans

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lequel la personne : peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un
travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté ».
« La santé mentale ne se résume pas qu’aux troubles mentaux », a déclaré le Docteur
Professeur Banzulu. Pas plus que la santé physique, la santé mentale ne se limite à l’absence
de maladie. La définir par son contraire n’est pas satisfaisant. Les troubles mentaux se réfèrent
à des classifications diagnostiques renvoyant à des critères et à des actions thérapeutiques
ciblées, et qui correspondent à des troubles de durée variable plus ou moins sévères et
handicapants.
Une bonne santé mentale fait référence à, soit à un état de bien-être, soit à un sentiment de
bonheur et/ou de réalisation de soi, soit à des caractéristiques de la personnalité (résilience,
optimisme, capacité de faire face aux difficultés, impression de maîtriser sa vie, estime de soi).
C’est un état positif, d’équilibre et d’harmonie entre les structures de l’individu et celles du
milieu auquel il doit s’adapter.
Le Docteur Banzulu a présenté une liste exhaustive des déterminants de la santé mentale, tout
en affirmant que Le modèle fonctionnel le plus largement admis pour la santé mentale est le
modèle dit « BIO-PSYCHOSOCIAL ». Les premiers déterminants de la santé mentale sont
d’ordre biologiques (La génétique, Le cerveau, La chimie du cerveau (sérotonine =
neuromédiateur de l’humeur), Plasticité du cerveau et Épigénétique), les deuxièmes sont
d’ordre psychologique (Les traits de personnalité : les 5 grands facteurs OCEAN, D’autres traits
psychologiques comme la tendance à ne pas s’inquiéter, à être sociable, le degré d’optimisme,
la faculté de résistance, d’adaptation au changement,….) et enfin, les déterminants sociaux
(De facteurs tels que les revenus, le chômage, la pauvreté, l’environnement social immédiat,
les réseaux sociaux, la confiance mutuelle, la participation civique, l’engagement
communautaire influencent l’état de santé des individus). Le docteur a tenu à prouver que de
tous les déterminants sociaux, la pauvreté conditionne plus la santé mentale négativement.
Pour clore son exposé, il a signifié que c’est important d’investir dans la santé mentale pour
favoriser le développement socioéconomique et mettre fin à certaines violations des droits
de l’homme.

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DEUXIEME INTERVENTION
En prélude, le Docteur Pédopsychiatre Matonda a renommé les troubles mentaux chez les
enfants par les troubles neurodéveloppementaux conformément à la terminologie médicale.
Pouvant être catégorisés en 7 types (troubles spécifiés et non-spécifiés, déficience
intellectuelle, déficit attentionnel avec ou sans hyperactivité, troubles spécifiques des
apprentissages, troubles de la coordination, trouble de la communication et les troubles du
spectre de l’autisme), les TND ou les troubles neurodéveloppementaux, sont caractérisés au
début ou pendant la période du développement par l’altération fonctionnel, personnel, social
et scolaire/personnel. De ces types ou catégories des TND, l’orateur a exposé sur l’un des
troubles les plus fréquents chez les enfants, à savoir, les troubles du spectre de l’autisme.
Appelé communément autisme, ce trouble neurodéveloppemental est caractérisé par le
trouble communicationnel, des comportements restreints et répétitifs, et un déficit de la
réciprocité sociale ou émotionnelle. Nous pouvons aussi noter d’autres caractéristiques que
l’on peut rencontrer chez certains autistes : le trouble de sommeil, l’agressivité, la
perturbations sensorielles et des difficultés alimentaires.
Le diagnostic de ces troubles ne nécessite qu’une observation de l’enfant, un bilan pour

identifier les maladies neurologiques associées et un bilan psychologique-orthophonique-
psychomotricité ; et le patient atteint d’autisme ne passera aucun examen paraclinique. Les

causes génétiques, sans être héréditaires, sont les premiers facteurs qui provoquent
l’autisme ; aussi, nous pouvons ajouter les facteurs liés à l’environnement, à l’âge des parents,
à la pauvreté et aux problèmes périnataux.
Liés à des principes, en l’occurrence, le début du traitement précoce, l’implication des parents
et la favorisation de la scolarité, le traitement de l’autisme est à la fois médical, éducatif,
rééducatif et comportemental.
TROISIEME INTERVENTION
La troisième intervention fut celle du Révérend Père Doyen, le Professeur Jean Ikanga. Son
exposé a porté sur les troubles psychiatriques chez l’adulte. Présentant le « DSM-5-TRTM »
comme le livre de référence en psychiatrie, le Professeur Jean Ikanga a communiqué sur les
troubles répertoriés et expliqués dans ce livre-là, qui est considéré comme la bible de la
psychiatrie.

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Les différents troubles mentaux selon le « DSM-5-TR

TM » sont : 1) le trouble de la régulation
de l’humeur perturbatrice, 2) le trouble de l’alimentation, 3) la dysphorie de genre, 4) le
trouble du jeu dur internet, 5) le trouble dépressif majeur et exclusion du deuil, 6) le trouble
neurocognitif léger, 7) les troubles obsessionnels compulsifs et apparentés, 9) les troubles
paraphiliques, et, 10) le trouble de la personnalité.

Et les troubles psychiatriques selon DSM-5-TR (con’t) sont : 1) le trouble de stress post-
traumatique, 2) la Schizophrénie, 3) les troubles du sommeil et de l’éveil, 4) Trouble

d’apprentissage spécifique, 5) le trouble de la communication sociale, 6) le trouble des
symptômes somatiques, et, 7) les troubles liés aux substances et dépendances.
De tous ces troubles psychiatriques précités, l’orateur avait choisi quelques-uns pour
discussion, à savoir, la Déficience intellectuelle, le trouble du jeu sur Internet, le trouble
dépressif majeur, le trouble neurocognitif léger, les troubles paraphiliques, le trouble de la
personnalité, la Schizophrénie et les troubles liés aux substances et dépendances.
Lorsqu’on diagnostique un cas de déficience intellectuelle, au moins trois critères touchants
les fonctions intellectuelles doivent être présents (le raisonnement, la résolution des
problèmes, la planification, la pensée abstraite, le jugement, l’apprentissage académique et
l’apprentissage par expérience).
Attaché à quelques critères, le trouble du jeu sur internet est caractérisé par une utilisation
persistante d’Internet pour pratiquer des jeux et une utilisation qui entraîne une déficience
ou une détresse cliniquement significative dans les domaines centraux de fonctionnement.
Le trouble dépressif est caractérisé par les symptômes suivants : une humeur dépressive
(sentiment de tristesse ou vide) ou observée par les autres (pleurs), la diminution marquée de
l’intérêt ou du plaisir, la perte ou gain de poids avec diminution ou augmentation de l’appétit
tous les jours, une insomnie ou hypersomnie presque tous les jours et l’agitation ou
ralentissement psychomoteur presque tous les jours. Ces symptômes doivent être présents
pendant une durée de 2 semaines pour que le trouble soit considéré.
Le trouble neurocognitif léger est caractérisé par un déclin acquis, significatif et évolutif des
capacités dans un ou plusieurs domaines cognitifs.

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Ce déclin cognitif doit être persistant, non expliqué par une dépression ou des troubles
psychotiques.
Les troubles paraphiliques, sont caractérisés par des fantaisies imaginatives (fantasmes)
sexuellement excitantes, des pensées sexuelles qui surviennent de façon répétée et intense,
et impliquent des objets inanimés, la souffrance ou l’humiliation de soi-même ou du
partenaire, des enfants ou d’autres personnes non consentantes.
Selon DSM-5-TRTM, les troubles paraphiliques sont caractérisés par l’exhibitionnisme (montrer
les organes génitaux dans le public), le fétichisme (objet pour plaisir sexuel),
le frotteurisme (frotter contre quelqu’un non consentante pour excitation sexuelle), la
pédophilie (personne moins de 18 ans), le masochisme et le sadisme sexuel, le voyeurisme
(observer la nudité ou le comportement sexuel d’autrui pour excitation sexuelle), le
transvestisme fétichiste (adopter les vêtements et habitudes de sexe opposé).
Le trouble de personnalité selon DSM-5-TRTM, correspond à une altération du fonctionnement
du soi (self) du fonctionnement interpersonnel et à la présence de traits pathologiques.
La schizophrénie est une pathologie psychiatrique chronique complexe. Elle est caractérisée
par une perception perturbée de la réalité, des manifestations productives (idées délirantes
ou des hallucinations) et des manifestations passives (isolement social et relationnel). Ces
symptômes doivent être présents pendant une durée de 6 mois.
Enfin, les troubles liés aux substances et dépendances sont caractérisés par la prise de grande
quantité de la substance, le désir persistant pour diminuer ou contrôler l’utilisation de la
substance, la majeure du temps est consacré aux activités nécessaires pour obtenir la
substance, l’état de manque ou envie intense d’utiliser la substance et l’utilisation répétée de
la substance conduisent à l’incapacité de remplir des obligations essentielles au travail, à
l’école ou à la maison.
SESSION DES QUESTIONS-REPONSES
Après les brillantes interventions des conférenciers, le Professeur Malemba, modérateur de
conférence de la matinée scientifique, a repris la parole pour permettre à l’auditoire de poser
des questions.

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Quelques questions ont été enregistrées. Les réponses étaient de taille pour la satisfaction de
tout le monde.
Voici en quelques mots, ce que l’on peut en retenir :
A la question de savoir si nous avons tous une bonne santé mentale, le Docteur Banzulu a
répondu en disant que la santé mentale est un état dynamique qui exige un équilibre par
rapport à plusieurs plans de la vie. La santé mentale dépend de l’état psychologique de la
personne en un temps donné.
Pour les patients ayant des troubles mentaux liés à la génétique, il faut moduler et agir sur
leur environnement. L’approches scientifique de la santé mentale dépend des sociétés et
communautés.
Après cette séance de questions-réponses, la séance fut levée pour marquer la fin de la
conférence autour de 13h10. La prière de clôture a été dite par le père Doyen de la Faculté de
Médecine, le Professeur Jean Ikanga.
A 13h30, les conférenciers, les invités ainsi que les organisateurs de la conférence se sont
réunis autour d’un repas dans la salle de réunion du campus de l’UCC Mont-Ngafula.

Assistant Gédéon ETAYI / UCC
Assistant Rodrigue GIVULE / UCC

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