DISCOURS DU RECTEUR
Excellence,
Chers Membres du Comité de Direction,
Madame et Messieurs les Doyens,
Chers Membres du corps académique et scientifique,
Chers membres du corps administratif, technique et ouvrier,
Chers étudiantes et étudiants,
Distingués invités à vos titres et qualités
- C’est avec beaucoup de joie et de satisfaction personnelle que je prends la parole en ce moment, à l’occasion de la fête patronale de notre Alma Mater, pour vous saluer chaleureusement et souhaiter à toute la communauté universitaire ici représentée une joyeuse fête patronale. D’entrée de jeu, qu’il me soit permis de souligner que l’événement qui nous réunit en ce jour, mieux la date du 28 janvier, est mémorable et mérite d’être gravé dans le mémoire de tous les membres de notre communauté. En fait, le monde entier célèbre, chaque 28 janvier, la fête de saint Thomas d’Aquin, Docteur de l’Eglise, patron des Universités catholiques et, de fait, patron de l’Université Catholique du Congo.
- Comme tous les ans, la célébration de notre fête patronale nous donne l’occasion d’aller sur les pas de Saint Thomas d’Aquin pour contempler ce grand Docteur de l’Eglise et ce savant dont la notoriété spirituelle et scientifique, telle un sceau indélébile, aura marqué définitivement l’histoire de l’Eglise et les sciences de la Foi et de la Raison. Modèle de science et de foi, Saint Thomas a su judicieusement et majestueusement conjuguer l’adéquation entre foi et raison à travers la contemplation et l’action. En tant qu’homme de science, Thomas d’Aquin a beaucoup étudié et abondamment écrit. En tant qu’homme de foi, il a beaucoup prié et grandement aidé l’Eglise. Ainsi, toute la vie et toute l’œuvre de notre Saint patron est à comprendre essentiellement à travers ce jeu de vas-et-viens, ou de viens-et-vas, de circularité ou de circumincesion entre la foi et la raison. Et de la combinaison parfaite entre ces deux piliers de l’humanité que sont la Foi et la Raison[1], Saint Thomas a tiré l’intelligence nécessaire avec laquelle il a approfondi sa quête de Dieu dans la foi, à travers les services qu’il a généreusement rendus aux hommes. Convaincu de cette complémentarité symétrique entre foi et raison, Thomas d’Aquin est allé jusqu’à affirmer l’existence d’un rapport étroit entre la vie céleste et la vie terrestre en soutenant qu’on peut accéder à la vie céleste, donc à Dieu, au moyen de la raison naturelle, en partant de la vie terrestre et de ce que l’on constate dans le monde.
- Passionné de la science, homme de vertu et d’une foi inextricable, Saint Thomas a tracé un itinéraire de vie pour quiconque, comme lui, voudrait accéder à la vie céleste en partant de la vie terrestre. Nous qui avons Thomas d’Aquin comme Saint patron et comme modèle, nous sommes invités à emprunter cet itinéraire en nous évertuant à rechercher sans trêve la Vérité à travers une conciliation quotidienne de notre raison à notre foi. Et cette Vérité révélée que nous devons chercher sans cesse, c’est Jésus-Christ. Cela va sans dire que tout ce que nous entreprenons à l’UCC, toutes les responsabilités que nous assumons, toutes les tâches que nous exécutons, les activités académiques, scientifiques et spirituelles qui nourrissent notre raison et notre foi doivent nous conduire vers un but ultime : l’amour vrai et la connaissance parfaite de Jésus qui est la Vérité par excellence et le chemin idoine pour rencontrer Dieu. Monseigneur Crispin Kimbeni a dans son homélie admirablement bien indiqué le chemin à suivre pour atteindre ce but ultime à l’exemple de notre saint Patron. J’en retiens deux attitudes : la quête de savoir ou de la science et la quête de la sainteté dans la fraternité. – La quête du savoir ou de la science : Comme Saint Thomas d’Aquin qui a développé un amour sans faille du savoir, tous les membres de notre communauté universitaire (étudiants et personnels de l’UCC) sont invités à aimer et à développer la science pour acquérir la connaissance nécessaire, capable de nous modeler et de transformer notre société en vue d’une vie saine et sainte – La quête de la sainteté dans la fraternité : Comme notre Saint patron qui s’est servi de son intelligence pour chercher passionnément Dieu, nous sommes invités à être des chercheurs de Dieu à travers nos frères. En fait, Dieu se donne et se laisse rencontrer à travers le visage du prochain (pauvre, malade, nécessiteux,…). Donc, toute quête véritable de la sainteté en Dieu emprunte nécessairement le chemin de la fraternité. Partant, nul ne peut prétendre chercher Dieu en l’air sans vouloir le découvrir et le rencontrer à travers le prochain. Dans cette optique, nul ne peut prétendre être un bon étudiant à l’UCC ou un bon personnel de l’UCC s’il ne sait lire sur le visage de l’autre cette présence de Dieu qui nous appelle à sa rencontre, à la fraternité. Et c’est d’une telle lecture que naitra, à l’UCC et dans nos cœurs, une ambiance qui reflète Dieu et qui conduit quotidiennement à la sainteté. A la suite de Saint Thomas, nous sommes tous appelés à nous sanctifier dans ce que nous sommes, ce que nous avons et ce que nous faisons.
- C’est en vue d’aider chacun de nous à se perfectionner et à se sanctifier que nous avons formulé comme suit le thème de cette année académique : « innovation et primat de l’éthique ». Nous mouvant de l’intérieur, l’innovation nous garde attentif à ce qu’il y a en nous et autour de nous, en vue de nous faire rêver et projeter l’avenir à travers des actes novateurs qui améliorent notre vie. Nous préservant des antivaleurs multiples et multiformes, le primat de l’éthique nous aide à garder le sens de la vertu et à promouvoir les bonnes mœurs dans nos milieux de vie. En ce sens, le thème de cette année nous aide à nous sanctifier, chacun dans son statut et dans ce qu’il fait au quotidien, en vue de la sainteté à laquelle Saint Thomas nous appelle aujourd’hui. Et c’est pour matérialiser ce thème annuel que nous avons invité, pour la conférence de ce jour mémorable, le professeur Kodjo NDUKUMA qui nous entretiendra sur un sujet aussi alléchant qu’actuel, formulé comme suit : « cyberdépendance, cybercriminalité et cyberexposition : raison de défiance et déraison de méfiance en l’Internet chez les jeunes ». Nous remercions vivement et sincèrement le Professeur Kodjo pour la spontanéité avec laquelle il a répondu à notre demande et pour les réflexions qualitatives et certainement riches et enrichissantes qu’il se propose de nous livrer en rapport avec l’utilisation de l’Internet.
Auguste assemblée,
5. Comme j’aime souvent le dire, il n’y a pas d’avenir sans souvenir. On ne peut jamais véritablement innover pour un avenir meilleur si on n’a pas, au préalable, des références ou des souvenirs passés et/ou présents de ce à quoi se rapporte l’innovation. C’est en nous plaçant dans cette optique que nous nous ne saurons passer sous silence la mémoire vive et la pensée toujours agissante en nous d’un être dont l’immortalité avérée confirme la grandeur d’esprit et l’ampleur de l’œuvre bien accomplie. Je cite ici Mgr Tharcisse TSHIBANGU TSHISHIKU qui a s’en est allé sur son chemin d’éternité depuis bientôt un mois. Bon disciple de Thomas d’Aquin, cet éminent théologien devant l’histoire a su admirablement pratiquer une théologie qui, dans ces deux mouvements d’ « intellectus quaerens fidem et de fides quaerens intellectum », est aujourd’hui plus que jamais nécessaire dans notre monde pour rendre possible une symphonie des sciences et pour éviter les dérives violentes d’une religiosité qui s’oppose à la raison et d’une raison qui s’oppose à la religion. L’UCC reconnaît dans la figure de Son Excellence Mgr Tharcisse Thsibangu, l’un de ses maîtres fondateurs. Et faire mention de ce grand pionnier de notre université en pareille circonstance, c’est puiser aux souvenirs de notre institution en vue de mieux projeter son avenir à travers des innovations qui s’imposent. Car, comme le disait Thomas d’Aquin dans le rapport qu’il établissait entre l’être et le devenir, « l’être en puissance devient l’être en acte. Et le devenir est le passage de la puissance à l’acte. Il suffit de distinguer le devenir en un instant ou mouvement intemporel du fieri développé en mouvement selon l’avant et l’après pour avoir le temps, l’histoire ». C’est donc en vue de cogiter et distinguer le devenir de notre Alma Mater que nous revisitons son histoire pour célébrer, en cette année académique ses 65 ans d’existence, le jubilé de palissandre. Le clou de cette célébration sera au mois d’avril avec le colloque scientifique sur le thème : Education et construction de la paix dans le monde d’aujourd’hui : Défis et perspective. Nous allons crayonner les grandes lignes d’une véritable éducation à la paix, gage d’un nouvel humanisme de fraternité. L’occasion nous est offerte pour innover et poursuivre le travail exigeant qui consiste à hisser notre Alma Mater sur le panthéon des grandes universités d’Afrique et du monde. J’invite t tous les membres de la communauté universitaire ; les Etudiants, les Personnel académique et scientifique, le PATO, les Anciens de l’UCC, à s’approprier les préparatifs de cette célébration qui aura, au menu, une panoplie d’activités : scientifiques, culturelles, sportives, etc.
6. Convaincu que par l’intercession de notre saint Patron Thomas d’Aquin et à son exemple notre Université sera toujours une lumen super flumen, une lumière qui surplombe le majestueux fleuve Congo, et plus largement le grand fleuve de l’histoire pour soutenir le dialogue Foi-Science-Ethique en vue d’un avenir meilleur de l’humanité, je souhaite à tous et à toute une joyeuse fête patronale. Puisse le Seigneur, lui qui est l’Alpha et l’Omega, le commencement et la fin de toute bonne action, nous accompagner dans notre cheminement vers la sainteté et nous combler de ses bénédictions multiples.
Je vous remercie.
Fait à Kinshasa, le 28 janvier 2022
Prof. Abbé Léonard SANTEDI
Recteur
[1] Cfr Jean-Paul II, Pape, Fides et Ratio.
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