Atelier-projet organisé par l’IPCM mot du Recteur

Excellences,

Honorables,

Monsieur l’Abbé DG de l’IPCM,

Mesdames et Messieurs, membres des corps diplomatiques constitués,

1.Distingués invités en vos titres et qualités respectif Grande est la joie qui inonde mon cœur en ce moment où je vous accueille en ce lieu pour vous souhaiter une cordiale et chaleureuse bienvenue à cet atelier-projet organisé par l’Institut Panafricain Cardinal Martino (IPCM) sur un thème aussi capital que vital pour l’avenir de notre pays et de notre société à savoir : Articuler l’aide humanitaire avec la coopération au développement dans un contexte de reconstruction post-conflit en RDC. Je me réjouis de vous savoir nombreux en ce moment au sein de cette institution pour participer à ces assises dont la portée n’est plus à démontrer. Votre présence en ce lieu témoigne, par-dessus tout, de l’intérêt majeur que vous accordez aux problèmes réels et actuels qui préoccupent notre pays et notre société.

2.Qu’il me soit permis, au seuil de cet atelier, de rappeler que  l’IPCM, en sa qualité d’institut panafricain, a pour vocation de mobiliser les meilleures potentialités africaines dans une recherche globale sur tout ce qui peut concourir à l’édification de la paix dans la justice, la vérité et la solidarité en Afrique et dans le monde. De cette façon, l’IPCM voudrait répondre aux aspirations profondes de paix, de justice et d’amour des populations africaines. Et puisque l’Eglise a, entre autres, comme tâches de former les consciences en les aiguisant en rapport avec tout ce qui contribue à une vie sociale digne de ce nom en vue de garantir la noble dignité de la personne humaine, l’IPCM est le lieu propice et idéal pour cette formation des consciences à la lumière de la révélation chrétienne et de la doctrine sociale de l’Eglise.

3.Vu dans cette optique, l’IPCM se donne alors comme ce haut lieu de recherches scientifiques qui vise à former des candidats imprégnés de l’enseignement social de l’Eglise et capables de répondre adéquatement aux défis d’aujourd’hui et de demain, en vue de l’édification d’une Afrique et d’un monde de justice, de paix et de solidarité. Puisque l’édification d’une telle Afrique et d’un tel monde est à projeter dans l’avenir, et que cet avenir ne s’improvise pas, il faut une bonne préparation qui investisse dans la formation de l’homme : de tout homme et de tout l’homme. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’atelier qui s’ouvre à ce jour.

Auguste assemblée,

4.La pertinence de la thématique des présentes assises n’est plus à démontrer. Organiser un atelier sur la question de développement dans un contexte de reconstruction post-conflit en RDC, c’est apporter aux participants les atouts nécessaires pour l’édification d’une RDC où il fera désormais beau vivre. En effet, nul n’ignore que depuis son accession à la

souveraineté nationale, la RDC n’a cessé de connaitre des conflits socio-politiques qui ont conduit à des guerres multiples et multiformes. La succession de ces  conflits défigure la RDC et lui donne malheureusement le visage d’un pays en perpétuel conflit. Tous ces conflits  ont sérieusement entravé la paix et le développement de la RDC au point que les résultats obtenus après autant d’efforts d’aide humanitaire reste très mitigé et  la vie de la population peine à s’améliorer si elle n’est pas seulement une croissance dans la misère. De partout dans le pays on fait état d’une misère noire qui frappe la population avec la flambée des prix des denrées alimentaires, le délabrement du réseau de transport, la difficulté d’obtenir régulièrement de l’eau potable, la rareté du courant électrique, la  vétusté des officines de santé,  et l’égarement de cette jeunesse désabusée qui se livre à l’alcool, la drogue ou à des abus sexuels. D’où cette grave interrogation à la suite  des évêques membres de la CENCO : «  Jusques à quand les habitants d’un pays qui, en réalité dispose de tant de potentialités agricoles, forestières, lacustres, fluviales, doivent-ils continuer à se nourrir grâce à des programmes d’aide humanitaire ? C’est scandaleux et inacceptable[1] ! Et comme le dit le Pape Benoît XVI dans son message au sommet de la FAO à Rome : « la faim et la malnutrition ne sont pas des fatalités[2] ». Ce qui nous manque  ce sont des décisions courageuses et des réformes audacieuses et profondes. Il faudrait donc des réformes pour  penser une aide humanitaire qui s’oriente vers une véritable dynamique de construction du développement

5.C’est dans cette optique que s’aligne cet atelier dont la visée majeure est d’analyser et concilier le fossé créé entre l’aide humanitaire limitée à la fourniture de secours d’urgence à court terme pendant les crises et l’aide au développement dans le cadre d’une programmation socio-économique à long terme dans la phase post-conflit. Extirper la dichotomie entre l’aide humanitaire et l’aide au développement demeure essentiel pour éliminer les défis structurels à une paix durable et à une reconstruction avec impact visible. C’est pourquoi nous compter sur cet atelier pour examiner également la question du leadership à même de conduire cette politique de bonne gouvernance pour le développement du pays. C’est à ce niveau que se situe  l’enjeu du combat de l’Eglise pour la transformation de nos sociétés. Il s’agit concrètement de travailler  pour l’émergence  d’un leadership à même de comprendre son rôle principalement comme un service,  de faire passer le bien commun avant les intérêts particuliers, et d’orienter son action sur les valeurs de convivialité humaine, suivant une architecture sociale construite sur les piliers de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté, selon l’intuition du saint Pape Jean XXIII dans l’encyclique Pacem in terris (1963).

6.En définitive, ce dont il s’agit, en profondeur, c’est de penser l’organisation, la gestion et l’administration de notre pays à partir des grandes valeurs spirituelles, éthiques et rationnelles, pour mettre le souci de l’humain au cœur des pratiques du pouvoir politique, de l’organisation socio-économique, de l’aide humanitaire, de l’aide au développement.  Dans cette perspective, la bonne gouvernance deviendrait, l’instauration d’une dynamique sociétale nouvelle, qui libère les énergies créatrices de tous les membres d’un groupe humain, à l’échelle à la fois locale et nationale et  permet en même temps de penser un croisement entre le politique, l’économique et  l’éthique. 

7.Mon souhait le plus ardent, mon vœu le plus vif, c’est de voir les travaux de cet atelier aboutir à des résolutions concrètes et efficaces pour une véritable reconstruction post-conflit de notre pays. Que cet atelier nous aide à prendre des résolutions concrètes et pertinentes qui nous engagent tous à améliorer nos conditions de vie à travers une bonne gouvernance pour la reconstruction d’un Congo plus beau qu’avant

8.C’est ici le lieu pour moi d’exprimer mes remerciements aux dirigeants de l’IPCM pour l’initiative combien louable d’organiser cet espace d’échanges scientifiques dont la portée et l’ampleur ne sont plus à démontrer. Convaincu que les différentes interventions prévues pour cet atelier contribueront à baliser le chemin pour un Congo meilleur, j’anticipe ici mes remerciements à l’endroit des conférenciers et intervenants pour le temps investi et les efforts consentis à la collecte des données et à la conception des communications qui nourriront nos réflexions au cours de ces assises. Enfin, il ne me reste plus qu’à souhaiter à vous tous, Auguste Assemblée, un fructueux travail et un plein succès à cette rencontre de si haute facture.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

Fait à Kinshasa, le 26 août 2021

Le  Recteur

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*